Hausse des malus et baisse des bonus : Le décollage du marché du véhicule électrique compromis

Le dispositif de bonus/malus, dans son principe, est destiné à orienter le marché vers l’achat de véhicules à zéro ou faibles émissions de CO2, en désincitant les consommateurs à l’achat des véhicules les plus polluants, d’une part, en les encourageant à l’achat des véhicules les plus propres, d’autre part.

Les choix annoncés aujourd’hui par le gouvernement remettent en cause ce mécanisme vertueux. La logique d’affectation des recettes de malus vers le bonus a disparu, transformant ainsi le malus en un impôt déguisé et fragilisant le bonus des véhicules électriques au moment où il sera le plus nécessaire.

La nouvelle grille de malus pour 2020 se traduit par une multiplication par cinq ou six des malus payés par les consommateurs et un déplafonnement de 12.500 à 20.000 €. Et, le gouvernement annonce aujourd’hui en contrepartie…une baisse continue d’ici à 2022 du bonus pour les particuliers, et la division par deux, dès 2020, du bonus sur le marché des professionnels.

A terme, à horizon 2022, le bonus pour les particuliers sera réduit à 4000 euros et on aura divisé par six le bonus sur un marché des professionnels qui représente le plus fort potentiel à l’achat de véhicules électriques et qui pèse plus de la moitié du marché global.

Avec la signature du contrat stratégique de filière en mai 2018, l’objectif que nous nous sommes fixé est la multiplication par cinq des ventes de véhicules électriques d’ici à 2022. Les industriels sont plus que jamais au rendez-vous avec des investissements massifs et une gamme : 100 modèles de véhicules électriques disponibles en 2019, 176 en 2020, 214 en 2021, 333 en 2025…

Mais un tel objectif suppose, pour la seule année 2020, le doublement des ventes de véhicules 100% électriques et hybrides rechargeables. Or, l’enveloppe du bonus retenu par le gouvernement n’augmente que de 50%.

Le gouvernement, en apposant sa signature au contrat stratégique de filière, s’est engagé, non seulement à offrir de la visibilité mais, surtout, à maintenir un niveau soutenu de bonus pour la phase de décollage du marché et à accélérer le déploiement des infrastructures de recharge. Force est de constater qu’il n’est pas au rendez-vous de ses engagements.

On ne peut dès lors qu’être frappé par l’incohérence des choix qui sont faits aujourd’hui : comment peut-on, d’un côté, plaider l’exigence et l’accélération de la trajectoire en Europe, et de l’autre, en France, ne pas se donner les moyens de ses ambitions ? Être ambitieux sur les objectifs et manquer à ce point d’ambition sur les moyens, c’est réduire ses ambitions à de l’affichage politique.

« L’expérience sur d’autres marchés montre qu’il n’y aura pas de décollage du marché du véhicule électrique sans incitations fortes à l’achat – la ministre l’a elle-même souligné à l’occasion des débats parlementaires. Avec un durcissement sans précédent du malus qui ne se traduit, en contrepartie, que par un bonus réduit a minima à horizon 2022, c’est la double peine pour le consommateur.

Au total, le grand risque est que tout le monde soit perdant : l’industrie, l’écologie et le pouvoir d’achat des Français », a insisté Luc CHATEL, président de la Plateforme automobile (PFA).

 


Interview de Luc CHATEL dans l’Opinion

Plus de 500 entreprises sont déjà inscrites à la Journée de la filière automobile, qui se tiendra le 2 décembre à Bercy. Thème de cette rencontre : relever les défis d’une industrie en pleine mutation. Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA) qui rassemble les quelque 4 000 entreprises du secteur, attend, lui, des réponses concrètes de Bruno Le Maire à la crise qui couve.

Fiat-Chrysler et PSA, c’est le mariage du siècle ?

Les transformations que traverse ce secteur génèrent des besoins d’investissement complètement inédits. L’industrie automobile va dépenser 225 milliards d’euros d’ici à 2023 dans la seule électrification de ses gammes. Pour y arriver, cela implique d’abord d’être en bonne santé ! Cela motive aussi des rapprochements, des coopérations... C’est ce qu’ont décidé Ford et Volkswagen dans l’électrique, BMW et Daimler dans le véhicule autonome, des alliances inimaginables il y a cinq ans. Pour relever ces défis, PSA choisit de se rapprocher d’un grand constructeur mondial afin de constituer le numéro 4 du secteur. Au-delà des gros besoins d’investissements à venir, cette opération consacre une vraie complémentarité entre ces deux groupes avec, pour PSA, une ouverture sur les Etats-Unis dont il est aujourd’hui absent.

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Marché du véhicule électrique : « Plus que jamais le gouvernement se trouve face à une exigence de cohérence »

Au moment où est débattu le projet de loi de finances, Luc CHATEL appelle l’Etat « à plus de cohérence ». Il rappelle que filière s’est engagée à multiplier par cinq  les ventes de véhicules électriques d’ici à  2022 et souligne que l’offre  est plus que jamais au rendez-vous. Mais « il y a un vrai déficit d’accompagnement du marché de la voiture propre.  Et le gouvernement   s’apprêterait en réalité à diviser par deux le bonus sur  le marché des flottes, qui  représente pourtant 60% des ventes (dont 40% sont destinées aux particuliers par les systèmes de location longue durée). On envoie un contre-message, au moment même où le malus devient violent »… « j’alerte le gouvernement :   la France ne sera pas au rendez-vous du véhicule électrique s’il ne se donne pas les moyens de ses ambitions, en matière d’incitations, mais aussi d’infrastructures ».

Tissu industriel au cœur de nos territoires : « J’appelle le gouvernement à un Plan d’urgence »

Dans le contexte de la  Journée de la filière automobile qui réunira, le 2 décembre prochain à Bercy, un demi-millier de PME et ETI du secteur, Luc CHATEL souligne l’effet cumulé de la baisse mondial des ventes et de l’impact sur le tissu industriel des transformations qui traversent le secteur.

« J’ai dit à Bruno Le Maire que la filière automobile ne survivra pas sans un plan d’urgence en réponse aux difficultés qui s’amplifient sur trois fronts. D’abord, les impôts de production, qui ont des implications majeures sur la localisation d’un secteur très mondialisé et sur les investissements d’avenir. On ne peut pas aborder cette crise avec les codes du XXème siècle. Ensuite, il est nécessaire d’accompagner les reconversions d’entreprises qu’implique la violente mutation du secteur. Enfin, comme en 2008 il va falloir régler les situations d’urgence. Depuis cet été, des PME ont du mal à se financer, la situation ne fait que s’aggraver. On voit aussi resurgir, comme il y a 10 ans, des problèmes liés aux délais de paiement et aux conditions d’achat imposées aux fournisseurs ».


Retour sur le salon de Francfort

La 68ème édition du salon IAA de Francfort ouvre ses portes au public du 12 au 22 septembre 2019, après les journées réservées à la presse, les 10 et 11 septembre.
 

A l’occasion du salon de Francfort, Thierry Bolloré, Directeur Général du Groupe Renault, et Laurens van den Acker, Directeur du Design Industriel, ont présenté Nouveau Renault Captur, la toute nouvelle génération du best-seller des SUV urbains avec 1.5 million d’unités vendues dans plus de 90 pays.

« A partir de 2020, Nouveau Captur sera le premier modèle hybride rechargeable de sa catégorie. Nous avons développé un système de transmission unique adapté à l’hybride, ainsi qu'une technologie de gestion de l’énergie directement dérivée de la Formule 1. Chez Renault, nous nous engageons à rendre la technologie et l'innovation accessibles à nos clients. C’est notre histoire, et c’est notre futur ».

Thierry Bolloré, Directeur Général Groupe Renault

 


 

Sur le stand d’Opel, Carlos TAVARES a fait le point sur l’actualité du groupe à un moment où le secteur automobile entre dans « une période extrêmement agitée entre maintenant et 2030 ». Il a rappelé que la marque Opel, présente sur le salon, a dégagé au premier semestre un profit en hausse de 40% ». Il a évoqué enfin une série d’expérimentations de véhicules hydrogène : Nous ferons les premières expérimentations sur des véhicules utilitaires pour tester les attentes des consommateurs ».

 

 
Valeo présente ses innovations « au cœur des révolutions des mobilités ». Le Groupe qui a placé l’innovation au cœur de sa stratégie, est aujourd’hui n° 1 ou n°2 mondial sur chacun de ses métiers et possède un leadership technologique dans les trois domaines qui révolutionnent l’automobile –électrification du moteur, véhicule autonome et révolution digitale.
 


 

 

Symbio, filiale du groupe Michelin et au cœur d’une Joint-Venture en cours de création avec Faurecia, Symbio entend devenir un leader sur l’hydrogène.
Forte du soutien du groupe Michelin, sa maison-mère, et des perspectives de joint-venture avec Faurecia, Symbio affiche ses ambitions : 20 000 StackPack en 2025 et 200 000 en 2030 – mieux qu’un Stack, un Stackpak intègre la pile hydrogène et les composants clefs pour optimiser la durée de vie, l’intégration dans les véhicules et la compacité.
 


 


 

Plastic Omnium franchit une étape de plus vers le véhicule modulaire, en intégrant des fonctionnements intelligents dans les pare-chocs et hayons, pour construire le véhicule connecté de demain.

 


#Bercy Réunion du comité stratégique de la filière automobile

Luc CHATEL, président de la Plateforme automobile (PFA), a présidé aujourd’hui, à Bercy, le Comité stratégique de la filière automobile, en présence du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, et de la ministre chargée des Transports, Elisabeth BORNE.

Il s’agissait, dans le prolongement de la signature du contrat stratégique de la filière automobile, le 22 mai dernier, de faire un point d’étape à un an des engagements réciproques pris par les industriels et par l’Etat.

Luc CHATEL a souligné l’engagement des industriels qui consentent des efforts de R&D sans précédent et investissent massivement.

  •  Le jour même de la signature du contrat de filière, PSA annonçait un investissement de 220 M€ pour produire une nouvelle génération de moteurs électriques dans son usine de Trémery (Moselle). Et, à l’occasion du Mondial de l’Auto, PSA dévoilait le lancement, dès 2019, d’une version électrique ou hybride sur 100% de ses nouveaux modèles.
  • Moins d’un mois après la signature du contrat stratégique de filière, Renault annonçait un investissement de plus d’1 Md € en France dans le domaine de l’électromobilité avec, notamment, le doublement des capacités de production de la Zoé.

Enfin, le président de la PFA a présenté, dans le cadre des engagements pris par l’Etat, trois mesures d’urgence, conditions de la réussite de la transition écologique et industrielle :

  • Dispositifs incitatifs : il est indispensable de disposer de visibilité dans le temps sur les dispositifs incitatifs indispensables au décollage du marché.

Offrir de la visibilité sur le dispositif bonus / malus et maintenir un niveau de bonus élevé sont des engagements pris par l’Etat dans le contrat de filière.

  • Accélérer sur les infrastructures de recharge : une mesure législative permettant aux copropriétaires de faire installer dans un délai de 3 moins maximum une borne de recharge.

 45% de la population vit en immeuble, avec 9,7 millions de logements en résidentiel collectif, représentant 14,4 millions de places de parking. La LOM, en discussion au Parlement, nous offre l’opportunité d’agit vite.

  • Impact de la transition sur le tissu industriel : un plan d’urgence financé à la hauteur des risques apparaît indispensable alors qu’une cinquante d’entreprises impactés par la chute du diesel et 15 000 emplois menacés. Il faut simplifier le soutien à l’investissement, faciliter l’accès au crédit et renforcer l’accompagnement sur mesures des PME, mais aussi des ETI.

« Aujourd’hui, les conditions du décollage du marché du véhicule électrique ne sont pas réunies. Et pourtant, au regard des objectifs européens et des choix politiques faits par la France, au regard des investissements sans précédent engagés en conséquence par les industriels, nous avons une obligation de résultat.

Ces mesures d’urgence sont indispensables pour atteindre cet objectif devenu, à court terme, l’enjeu numéro un pour réussir la transition écologique et, désormais, pour la survie d’une filière automobile dans notre pays », a souligné Luc CHATEL.


Luc Chatel : "Non au suicide collectif de l’industrie automobile"

Autoactu.com : L’Assemblée examine en ce moment la loi d’orientation des mobilités qui vise, entre autres, l’interdiction des véhicules à énergie fossile en 2040. Quel est votre sentiment sur ce texte ?
Luc Chatel :
Cela fait un moment que les industriels de l’automobile ne discutent plus de la réalité du changement climatique et de la nécessité de transformation. La décarbonisation est le sens de l’histoire. L’objectif est partagé. Les engagements que nous avons pris dans le contrat de filière en sont témoin.
Nous avons dit que l’automobile n’est pas un problème mais porte les solutions de réduction de CO2.
Ce que je vois depuis la signature du contrat de filière est que les choses ont beaucoup avancé. Les investissements réalisés par les constructeurs et les équipementiers dans la batterie, dans l'hydrogène et dans toutes les technologies de substitution représentent plusieurs centaines de milliards d’euros en Europe.
Nous sommes les premiers acteurs de la transition écologique et nous relevons le défi tous les jours. Simplement, l’industrie automobile est un immense paquebot et on ne part pas de zéro. Nous avons  à réussir une transition industrielle – et dans une industrie où les décisions ne se prennent pas en 8 jours. Les choix technologiques qui vont être fait aujourd’hui vont peser sur les 10 prochaines années.On ne peut pas naviguer à vue, on ne peut pas godiller. Un jour on vous dit c’est -37,5% et ensuite on nous dit, finalement c’est zéro énergie carbonée.

Autoactu.com : Que demandez-vous au gouvernement, aux députés ?
Luc Chatel :
Nous demandons de la visibilité dans les règles du jeu parce que la transition industrielle est la condition du succès de la bataille du climat. Je dis : avant d’ajouter des obligations supplémentaires, commençons déjà par se donner les moyens d’atteindre les objectifs fixés au niveau européen.
Il y a un an dans le contrat de filière, nous prenions un engagement très fort de multiplier par cinq le nombre de véhicules électriques à 5 ans. Il y a 6 mois, la règlementation européenne a imposé une réduction des émissions de CO2 de -37,5% en 2030 par rapport à 2021, c’est-à-dire -50% par rapport à aujourd’hui. C’est 59g de CO2/km parcouru à atteindre en 2030 en moyenne pour les véhicules neufs.
Pour y arriver, il faudrait le mix énergétique suivant : un tiers 100% batterie, un tiers d’hybrides rechargeables et un tiers de petites hybridations. Cela représente quasiment 100% de changement par rapport au parc existant. Quelle est l’industrie qui connait la même transformation en moins de 10 ans ?
On l’assume mais on ne veut pas un nouveau changement de règles et d’objectifs. Non au suicide collectif de l’industrie automobile.

Autoactu.com : Quelles seront les conséquences de cette interdiction des véhicules thermiques ?
Luc Chatel :
Attendons le vote. Cette interdiction ne figurait pas dans le projet de loi initial, mais résulte d’un amendement adopté en commission. Que les parlementaires en débattent.
Il y a un moment où il faut clarifier ses priorités, c’est-à-dire le maintien d’investissements et d’emplois dans notre pays. Je rappelle que l’impact de l’accélération de la chute du diesel, c’est déjà une cinquantaine d’entreprise directement impactées et 15 000 emplois menacés dans les cinq ans !
Par ailleurs, interrogeons-nous sur les moyens que nous nous donnons dans le même temps pour accélérer le développement de l’électrique. Il y a une vraie contradiction à envisager interdir les véhicules thermiques en 2040 et ne pas prendre les mesures nécessaires pour généraliser dans les copropriétés l’alimentation des parkings pour les véhicules électriques.

Autoactu.com : Pourtant, le droit à la prise figure dans le texte. Vous pensez que tel qu’il est prévu il n’est pas opérationnel ?
Luc Chatel :
C’est ça. Nous avons demandé un système proche de ce qu’on a eu dans les télécom au moment de la libéralisation du marché de l’accès à Internet : vous habitez une copropriété, vous faites la demande, votre syndic ne doit pas pouvoir vous interdire l’installation d’une prise collective.
On souhaite que l’on généralise dans les copropriétés l’alimentation des parkings pour qu’ensuite chaque copropriétaire en fonction de son besoin puisse dans un délai raisonnable de 3 mois se faire installer une borne.
Aujourd’hui, il n’y a pas ce pré équipement, et celui qui veut installer une borne va devoir suivre un parcours du combattant pour obtenir les autorisations de l’assemblée générale et en plus il va payer la partie collective de l’arrivée de l’électricité sur le parking avant d’installer sa propre borne.
Pour avoir 60% de véhicules électriques ou hybrides rechargeables, il faut être cohérent et il faut qu’on aboutisse à une généralisation du pré équipement d’une façon ou d’une autre.
Avoir des échéances un peu lointaines et des aides d’Etat pour ceux qui se décident vite ce serait cohérent avec le rythme auquel on nous dit d’aller.
Quand on croise les gens qui sont en copropriété et ne peuvent pas à court terme avoir de prises, ceux qui n’ont pas de parking et pour lesquels il n’y a pas de possibilité de rechange sur la voie publique et ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter un véhicule électrique, on ne réussira pas le pari de multiplier les ventes de véhicules électriques à court terme.

Autoactu.com : Cela peut aboutir à une division drastique du marché ?
Luc Chatel :
On prend un risque énorme. Regardez ce qui s’est passé en septembre avec la mise en place des nouvelles normes européennes. Il n’y a pas eu d’anticipation des pouvoirs publics de la grille de malus. L’impact a été immédiat avec un effondrement des ventes. On sait très bien que ce marché est très fragile.
Inscrire dans la loi la fin des véhicules thermiques, par exemple en 2030, c’est fragiliser paradoxalement le développement des véhicules à faible émission. C’est en effet de prendre le risque d mettre un frein aux investissements dans l’hybride rechargeable à partir de maintenant, or on a besoin des hybrides rechargeables pour respecter le niveau d’émissions de CO2 exigé dans les prochaines années. Il faut bien des solutions intermédiaires, à la fois pédagogiques pour le développement de l’électrique et   utiles pour baisser des émissions de CO2.
C’est le paradoxe : si on fixe dans la loi l’interdiction, il n’y aura pas d’investissements dans une technologie qui sera obsolète dans 10 ans. A la fin c’est contre-productif.

Autoactu.com : Pourquoi est-ce que ce débat n’a pas eu lieu il y a 1 an et demi quand Nicolas Hulot l’avait annoncé. Personne ne l’a cru ?
Luc Chatel :
Ce débat est permanent. Mais inscrire telle ou telle disposition dans le marbre de la loi, c’est autre chose. On doit à la fois assumer la mutation liée au changement climatique et à la fois veiller à préserver l’emploi et un fleuron industriel. Pour le coup, il faut faire du "en-même temps".
J’ai demandé la convocation du comité stratégique de filière le 12 juillet. J’ai demandé que ce soit à Bercy avec le ministre pour évoquer ces sujets. Si à la fin de l’histoire on a transféré 75% de la valeur ajoutée en Chine et que l’on n’a plus d’emploi en France, bravo la mutation technologique.

Autoactu.com : L’amendement prévoit la "fin de la vente des voitures particulières et des véhicules utilitaires légers neufs utilisant des énergies fossiles, d’ici à 2040". Qu’est-ce que vous allez pousser comme amendement ?
Luc Chatel
: On considère que la fin des moteurs thermiques sera la conséquence de ce que l’on est en train d’initier. A la fois les engagements pris dans le contrat de filière plus les nouvelles règlementations européennes.
La fin des moteurs thermiques c’est donc une conséquence. Si on en fait un préalable, le risque c’est le désinvestissement de toute une filière et une perte de compétitivité notamment vis-à-vis des Chinois.
Nous voulons réussir à court terme et c’est pourquoi nous interpellons sur la montée en puissance des bornes de recharge et le droit à la prise. Ce n’est pas la peine d’aller se battre sur 2040 si on n’est pas capable de démarrer maintenant. Rien ne serait pire que dans 3 ans on ait tous les véhicules disponibles sur catalogue et que personne ne les achète faute d’infrastructures. La question, c’est celle de la crédibilité des politiques sur lesquelles on s’engage.
Un autre point de très forte préoccupation qui n’est pas du ressort de cette loi mais qui est fondamental pour les engagements que nous prenons, c’est la visibilité sur le dispositif de bonus-malus. Ce n’est vraiment pas le moment de se reposer la question du niveau de soutien au véhicule électrique au moment où il va falloir en vendre.

Autoactu.com : Vous dites que le gouvernement envisagerait de remettre en question le bonus sur les véhicules électriques ?
Luc Chatel :
Aujourd’hui nous avons des inquiétudes sur le montant du bonus pour 2020 et 2021, car nous n’avons aucune visibilité, alors même qu’il y avait là l’un des engagements dde l’Etat dans le contrat de filière. C’est un enjeu énorme. On voit bien que dans les pays qui ont baissé les incitations, immédiatement cela se voit dans les ventes de véhicules. On n’est pas encore à un niveau de maturité suffisant.

Autoactu.com : Que risque-t-il de se passer ?
Luc Chatel :
Dès l’année prochaine, nos constructeurs ont clairement affiché qu’ils ne paieraient pas de pénalités liées au non-respect des objectifs de CO2. Donc ils vont retirer de leur catalogue des véhicules qui se vendent très bien. S’ils n’arrivent pas à vendre des véhicules électriques, cela leur laissera très peu de marges de manœuvre pour continuer à vendre les véhicules thermiques qui se vendent très bien.
Il y a un vrai risque d’une double peine à la fois de ne pas réussir à vendre les véhicules électriques qu’ils vont fabriquer avec des investissements considérables et comme conséquence d’avoir très peu de marges de manœuvre pour vendre les autres modèles. 2020, 2021, sont des années de très fortes incertitudes.
Le vrai sujet est qu’est ce qui est fait pour convaincre et créer les conditions pour que les consommateurs, en fonction de leur usage, décident de basculer vers le véhicule électrique, vers le véhicule hybride.
Le sujet, c’est l’acceptation par les consommateurs. Il faut que les consommateurs achètent. Si les changements sont trop brutaux, les entreprises et les consommateurs ne suivront pas et il y aura des morts.
On n’est pas du tout entendu sur la visibilité de long terme sur les bonus-malus. C’est sûr c’est que si au 1er janvier 2020 alors que c’est l’année où il faut convaincre les gens d’acheter des véhicules électriques on a une baisse du bonus, ce qui à ce stade n’est pas improbable, vu les difficultés de financement de la prime à la conversion, on va dans une approche totalement incompréhensible.
On demande de la cohérence. A partir du moment où la France a plaidé pour aller plus loin que ce que la Commission européenne proposait, très bien mais, loin de tout affichage politique à bon compte, donnons-nous les moyens de réussir.
Propos recueillis par Florence Lagarde


Luc Chatel à La Croix : « Le Mondial doit devenir la vitrine de la mobilité »

La Croix : Comment analysez-vous l’échec du projet de fusion entre Renault et Fiat-Chrysler ? S’agit-il d’une occasion manquée ?

Luc Chatel : Soulignons d’abord que cette offre de Fiat-Chrysler met en lumière, s’il en était besoin, l’attractivité de Renault et de l’Alliance. Fiat-Chrysler n’a pas souhaité poursuivre la discussion, c’est ainsi. Mais je comprends et je partage la déception du Groupe Renault qui a vu dans cette proposition une opportunité, en termes industriels, financiers comme de leadership sur le marché mondial.

Le salon Movin’on des nouvelles mobilités vient de s’achever à Montréal. Quel bilan dressez-vous de cette manifestation ?

Luc Chatel : Cet événement réunit de manière très innovante, en un même lieu, tous les acteurs de l’industrie automobile et des nouvelles mobilités : les autres modes de transports, les énergéticiens, les télécoms, les services connexes, les décideurs publics…

C’est tout cet « écosystème des mobilités du futur » que je souhaite aussi réunir au Mondial à Paris, dès la prochaine édition à l’automne 2020. Aujourd’hui, le Mondial est un salon grand public avec un succès qui se chiffre à un million de visiteurs. Nous devons saisir l’opportunité d’y adosser un événement « B2B », de professionnels à professionnels, fort et structurant.

La France a inventé l’automobile au XIXe siècle, puis Paris en a été la capitale en inventant le salon de l’auto et a accompagné son évolution. Aujourd’hui, nous faisons face à des innovations sans précédent dans le domaine de la mobilité, le Mondial de Paris doit de plus en plus en devenir leur vitrine avec tous les acteurs du système, y compris les start-up.

L’automobile n’est plus au centre du jeu ?

Luc Chatel : Être au centre du jeu, c’est s’inscrire au cœur de trois révolutions simultanées comme le secteur n’en a jamais connu depuis sa création, et qui attirent de nouveaux acteurs. Une révolution technologique, avec la montée des alternatives au moteur thermique ; la révolution numérique qui fait de la voiture l’objet connecté, bientôt autonome, le plus intelligent, et enfin la une révolution sociétale qui transforme les constructeurs en opérateurs de mobilité. Demain, on achètera moins de voitures, on achètera des minutes de mobilité, sans chercher à savoir qui produit ce service. L’industrie automobile est à l’avant-garde de ces transformations en France.

Le projet d’un Airbus de la batterie peut-il réussir ?

Luc Chatel : L’initiative du gouvernement français, aux côtés de Berlin, pour développer une filière batterie en Europe, va vraiment dans le bon sens. Il est clair qu’on ne peut pas d’un côté souligner le déplacement de la chaîne de valeur du secteur automobile vers l’Asie, où se concentre aujourd’hui l’essentiel de la production de batteries aujourd’hui, et de l’autre rester les bras croisés en Europe.

Il est très important maintenant de mettre le projet en musique en misant tout l’effort de recherche et développement des Européens sur la prochaine génération de batteries. Rien n’est perdu aujourd’hui car ces technologies évoluent très vite, donc il est possible de se positionner sur la technologie d’après. Une chose est sûre : on ne gagne jamais les combats que l’on ne mène pas.

La plate-forme automobile réunit Renault et PSA, les quatre grands équipementiers (Valeo, Faurecia, Plastic omnium et Michelin), et toutes les fédérations des PME de l’auto, soit 4 000 entreprises.


The automotive industry is partnering up with the HOPSCOTCH Group for the organization of the Paris Mondial Motor Show

This long-term partnership will, starting for the 2020 edition, result in a radically redesigned event, with a strong B2B component and focused on new mobility challenges.

This agreement comes at the end of the competitive consultation process launched on 15 February 2019 by the PFA along with the entire automotive industry ecosystem in order to create a new ambition for the Paris Mondial Motor Show.

“With this strong partnership, we are opening a new era in the history of the Paris Mondial Motor Show.In essence, the major trade shows are in exactly the same situation as the automotive sector itself: faced with the need to constantly reinvent themselves. Yet to embody the future of the automobile, the Paris Mondial Motor Show has all the necessary qualities, not only to ensure its sustainability, but also to aim for a leading position.   Through this partnership with HOPSCOTCH, the French leader in event conception, our aim is to make it the leading international event, at the forefront of the automotive ecosystem and new forms of mobility,” Luc Chatel said.

“We are very proud to be working alongside the automotive industry to open a new chapter in the history of this iconic event.Breathing new life into the Paris Mondial Motor Show at a time when the idea of mobility is being reimagined: this is the exciting challenge we are taking onStarting in 2020, the main issue will be to increase brand audiences by offering a completely redesigned, interactive and personalised visitor experience,” said Frédéric Bedin.

The unveiling of the 2020 edition of the redesigned Paris Mondial Motor Show will take place during a press conference to be held before the summer.


La filière automobile choisit le groupe HOPSCOTCH comme partenaire pour l’organisation du Mondial de Paris

Ce partenariat inscrit dans la durée, se traduira, dès l’édition 2020, par un évènement profondément réinventé et auquel s’articulera un volet B2B fort et structurant autour des nouveaux enjeux de la mobilité.

Cette signature intervient à l’issue de la consultation par voie de mise en concurrence lancée, le 15 février dernier, par la PFA avec l’ensemble de l’écosystème de la filière automobile, afin d’offrir une nouvelle ambition pour le Mondial de Paris.

« Avec ce partenariat fort, nous ouvrons une nouvelle ère dans l’histoire du Mondial de Paris. Au fond, les grands salons se trouvent exactement dans la même situation que le secteur automobile lui-même : face à l’exigence de se réinventer en permanence. Or, pour incarner ce futur de l’automobile, le Mondial de Paris dispose de tous les atouts, non-seulement pour assurer sa pérennité, mais pour viser une position de leader avec, pour horizon, de toujours accroitre le retour sur investissement marketing des exposants. Avec HOPSCOTCH, le leader français de la conception d’évènement, nous allons faire du Mondial de Paris l’évènement international de référence, à l’avant-garde de l’écosystème automobile et des nouvelles mobilités », a souligné Luc CHATEL.

« Nous sommes très fiers d’être aux côtés de la filière automobile afin d’ouvrir une nouvelle étape dans l’histoire de cet évènement emblématique s’il en est. Réenchanter le Mondial au moment où se réinvente la mobilité, c’est le très beau défi qui est le nôtre. L’enjeu sera notamment, dès 2020, d’amplifier l’audience des marques en proposant une expérience de visite entièrement réinventée, interactive et personnalisée.», a indiqué Frédéric BEDIN.

Le dévoilement de l’édition 2020 du Mondial réinventé aura lieu à l’occasion d’une conférence de presse qui se tiendra avant l’été.


Présentation des besoins d’innovation de la filière

Le 10 avril dernier, plus de 80 entreprises étaient réunies au CCFA pour échanger sur les besoins d’innovation de la filière automobile et mobilité. En présence de Luc Chatel, les experts de la PFA et les différents acteurs de la filière (grands comptes, laboratoires, PME, startups, pôles de compétitivité) ont pu échanger sur les défis soulevés par les exigences de la mobilité de demain et les moyens de financement disponibles pour les y aider. Vous pouvez retrouver les besoins d’innovation ici : https://pfa-auto.fr/recherche-et-developpement/

Cette journée constituait le premier événement d’une série de webinaires qui se dérouleront tout au long de l’année en partenariat avec les pôles de compétitivité, afin de présenter en détail les besoins d’innovation par grandes thématiques et les projets en cours.

Les dates à retenir :

le 15 mai sur le thème de l’électromobilité :  https://pole-moveo.org/evenements/webinar-besoins-dinnovation-en-electromobilite-de-la-filiere-automobile-mobilite/

19 juin - rendement véhicule

17 juillet – GMP

D’autres dates sont à suivre prochainement.

 

N’hésitez pas à vous y inscrire

L’équipe innovation PFA