#COVID19 | Semaine 7 – Nouvelle réunion de crise du comité stratégique de filière
30 avril 2020 - « Face au risque préoccupant de défaillance d’entreprises, l’urgence d’un plan de relance pour accélérer la sortie de crise »
« Face au risque préoccupant de défaillance d’entreprises, l’urgence d’un plan de relance pour accélérer la sortie de crise »
Le comité stratégique de la filière automobile s’est de nouveau réuni, aujourd’hui à 15h, par audioconférence, sous la présidence de Luc CHATEL et en présence de la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, Agnès PANNIER-RUNACHER.
Il s’agissait de faire le point sur les impacts de la crise, sur les conditions du redémarrage de l’appareil industriel et des entreprises de service de la filière automobile dans son ensemble, et d’anticiper les mesures de relance pour la sortie de crise.
#COVID19 | Nouvelle réunion de crise du Comité stratégique de la filière automobile aujourd’hui, à 15h, sous la présidence de @LucChatel et en présence de @AgnesRunacher pic.twitter.com/4BiUo99Syj
— Plateforme automobile (@PFA_auto) April 30, 2020
Point de situation – Effondrement du marché en avril et redémarrage très progressif de l’appareil industriel
Après une chute de -72,2% en mars, le marché français a plongé de plus d’un tiers (- 34%), sur le premier trimestre 2020.
En Europe, en mars (-55,1%, -25,6% sur les trois premiers mois), où l’Allemagne limite la chute (-37,7% en mars, -20,3% sur le trimestre), la France est, avec l’Italie ( -85,4% en mars), et l’Espagne (-69,3%), l’un des pays les plus durement frappé.
Aujourd’hui, le démarrage de l’activité automobile s’effectue progressivement en Europe, l’Allemagne ayant relancé ses activités industrielles et commerciales le 20 avril dernier, de même que l’Espagne, progressivement, depuis le 28 avril, avant l’Italie qui, après la réouverture de quelques usines dès le 27 avril, doit redémarrer à partir du 4 mai prochain.
En France, Renault, Toyota ou encore Renault Trucks ont commencé à redémarrer leurs usines la semaine dernière, de façon très progressive et dans des conditions sanitaires très strictes. Les équipementiers et fournisseurs font de même, avec un taux d’activité global du secteur de l’ordre de 20%, et dans un contexte de grandes incertitudes sur les volumes à produire. C’est désormais à la date du 11 mai, avec la reprise autorisée des activités commerciales, qu’est attendu un redémarrage de l’appareil industriel dans son ensemble.
Faire face au risque préoccupant de défaillance d’entreprises
Cette crise sans précédent intervient alors que le secteur automobile, confronté à des transformations historiques, fait face depuis plus d’un an à un retournement de cycle, avec une baisse du marché mondial de l’ordre de -5% en 2019.
Les prévisions les plus récentes pour 2020 font état d’une baisse du marché automobile mondial qui pourrait atteindre 25 à 30% par rapport à 2019, avec toujours beaucoup d’incertitudes, et l’Europe apparait particulièrement impactée. Le marché du véhicule industriel est également très fortement impacté.
En France, si les mesures d’urgence, déployées avec une très grande réactivité par les pouvoirs publics, ont pleinement joué leur rôle en combinant chômage partiel pour éviter des licenciements et prêts garantis par l’Etat pour soutenir la trésorerie des entreprises, il est urgent désormais d’accompagner la sortie de crise face au risque de défaillance d’entreprises.
« Avec un tissu industriel de PME déjà fortement fragilisées par les transformations historiques que traverse le secteur et l’amorce en 2019 d’un retournement de cycle, nous devons nous préparer, face à l’effondrement attendu du marché, à faire face au risque très préoccupant d’une vague de défaillances d’entreprises au cœur de nos territoires », a alerté Luc Chatel.
Un plan de relance pour faire face et accélérer la sortie de crise
Dans ce contexte, la filière automobile a élaboré des propositions pour un plan de relance, structurées autour de trois grands axes, avec pour enjeu de faire de la transition écologique un véritable levier de relance. La situation exige un plan global du secteur, combinant stimulation de la demande et politique de l’offre.
Les deux premiers axes visent à stimuler la demande : il s’agit de faire de la transition écologique un véritable levier de relance en stimulant la demande à partir de dispositifs existants, précisément mis en place par le gouvernement pour accompagner la transition énergétique : la prime à la conversion (PAC), le dispositif de bonus-malus.
👉 Stimuler le marché pour une reprise rapide en sortie de crise, afin de limiter l’effondrement sur l’ensemble de l’année, à travers un effet de relance ayant de l’impact sur l’ensemble des entreprises de la filière.
Ces mesures de relance de la demande devraient répondre à trois principes : se mettre en place rapidement, pour faire face à l’urgence, sur une durée limitée et avec une sortie progressive ; avoir un spectre suffisamment large pour avoir un impact significatif sur le tissu d’entreprises de la filière ; être coordonnées et partagées le plus possible au niveau européen.
Une telle mesure pourrait s’appuyer sur le dispositif existant de prime à la conversion (PAC), que se sont déjà approprié les consommateurs, permettant ainsi de stimuler à court terme le marché, tout en accélérant la baisse des émissions de CO2 du parc de véhicules en circulation.
La PAC pourrait ainsi intégrer pendant une période limitée à définir, avant une sortie en sifflet sur une période équivalente, un volet ouvert à tous, pour l’achat d’un véhicule non « malussé », en échange d’un véhicule ancien plus polluant mis au rebut.
Des mesures de même nature devraient également être prises pour le marché des véhicules industriels.
👉 Soutenir le décollage du marché du véhicule électrique en soutenant le décollage du marché du véhicule électrique,par un soutien accru aux acheteurs de véhicules électrifiés et un plan d’investissement permettant d’accélérer le déploiement des infrastructures de recharge.
Il s’agirait, notamment, de réévaluer le niveau de bonus pour l’achat d’un véhicule électrique pour le marché des professionnels (qui représente plus de la moitié du marché), dont le montant avait été divisé par deux en 2020 (de 6000 à 3000 € depuis le 1er janvier 2020), et d’ouvrir un bonus à hauteur de 2000 € pour l’achat d’un véhicule hybride rechargeable.
👉 Enfin, de manière plus structurelle, soutenir l’innovation et renforcer la compétitivité des sites industriels basés en France
Il s’agit de répondre aux difficultés économiques et financières auxquelles nos entreprises vont être confrontées, à travers :
- Un soutien à la R&D autour de grands programmes technologiques (batteries, électronique de puissance, véhicule connecté et automatisé, hydrogène), qui devrait s’accompagner d’aides à l’implantation de sites nouveaux ou à la reconversion de sites existants pour se doter en France des moyens de production nécessaires au fort développement des véhicules électrifiés, connectés et autonomes.
- Des mesures de soutien aux investissements via, par exemple, des dispositifs de suramortissement, pour accélérer la robotisation et la digitalisation des sites de production, clé de leur compétitivité future.
« Nous devons tout faire pour éviter un ralentissement des efforts d’investissement et de R&D, parce que l’avenir de notre industrie en France est d’abord lié à sa capacité à continuer à innover sur les grands enjeux technologiques de l’automobile et des mobilités du XXIème siècle.
Il y a d’ailleurs, au cœur de cette crise, l’opportunité historique, non-seulement de soutenir la compétitivité de notre tissu industriel, mais aussi, en faisant le choix d’une baisse décisive des impôts de production, de renforcer durablement la compétitivité du site France », a souligné Luc Chatel.